Histoire détaillée du char à voile | ||||||||
Introduction : Si les Belges
lancèrent les premières compétitions, il y a tout juste un siècle, le
“vaisseau des sables” remonte à plusieurs millénaires. Egyptiens, Romains ou
Chinois utilisaient déjà le vent comme moyen de propulsion terrestre. |
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Un passé lointain : |
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En 247 avant Jésus-Christ, les chinois réalisent la construction de la Grande Muraille de Chine et utilisent des « brouettes à voile » pour transporter certains matériaux. En Chine, un ouvrage écrit par l’empereur Liang Yuan Ti (Ve siècle) raconte la construction d’un “char à vent capable de transporter trente hommes, sur plusieurs centaines de kilomètres en une journée”.
Vers 1914, sans doute en souvenir de Yuan Li, les maraichers chinois de Canton équipaient leurs charrettes à bras d'un étoffe qui servait de voile et utilisaient ainsi le vent comme force d'appoint pour acheminer les lourds fardeaux jusqu'a la ville |
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Johann Friedrich construit à Torgau en 1595 une voiture à voile connu sur les plages de la mer du Nord. Des connaissances plus certaines remontent au XV siècle quand Simon de Bruges construisit des chars a à voile dont les roues en bois se seraient enflammées sous l'effet de la vitesse. | ||||||||
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Tout cela ne
restait qu'un simple jeu auquel s'essayèrent encore bien des inventeur au
cours des siècles suivants. Ainsi l'histoire nous a conservé notamment les
noms de l'anglais Thomas Wildgoose (1620),
de l'évêque Wilkins de Londres
Duquet, à Paris (1714) et de l'espagnol
José Boscassa, à Valence (1802).
L'expérience la plus intéressante eut lieu le 28 septembre 1834, lorsque le français Hacquet se mit à circuler sans difficultés en plein Paris avec son « éolienne ». Cette impressionnante machine était une sorte de gigantesque carrosse à voile surmonté de plusieurs mâts culminant à 13 mètres de haut : « Partie de l'Ecole militaire, l'Eolienne prit un vent du sud-ouest et franchit le pont d'Iéna, suivit les quais avec le même vent, s'arrêta place Louis XI sous les acclamations de nombreux spectateurs et revint à son point de départ malgré un vent contraire ». Le principe traverse alors l'Atlantique. A la même époque, on retrouve trace de telles expérimentations sur les rails. Des sailing cars roulent sur les lignes des South Carolina Railroads et de la Baltimore et Ohio Line. A bord de l' « Eolus », la machine construite par cette dernière, est monté le baron Krudener, l'ambassadeur de Russie à Washington. Très impressionné par cette démonstration, il en fait aussitôt construire une copie pour la présenter au tsar. Sur la ligne Kansas-Pacifique, un ingénieur du chemin de fer, C.J. Boscom, atteint, en 1878, avec son wagon à voile, la vitesse de 64 km/h Pour la fin du siècle dernier, le travail documentaire de Jean Leye dans « L'Aventure du char à voile » nous offre quelques références supplémentaires. Il montre qu »en 1897, en Australie, dans la région du Lake Lefroy, on utilisait des chars à voile comme moyen de déplacement et de transport du matériel. Une photographie montre celui des frères Sorensen, deux forgerons d'origine scandinave transportant du matériel pour les chercheurs d'or. Ensuite, l’utilisation de la voile s’est vue limitée aux seuls bateaux et il faudra attendre quelques siècles pour que de nombreux inventeurs mettent au point des voitures à voiles. La pratique ludique remonte à 1898. On la doit aux frères DUMONT, en Belgique. Le char à voile a trouvé son terrain de prédilection : la plage. |
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Les pionniers Retour à l'Europe où Jean Leye a retrouvé la photo du premier char à voile construit par André Dumont, en 1898, fixant ainsi la naissance de ce sport. « On admet généralement, commente Leye, que la construction du premier char à voile, par André Dumont, marque le début du char à voile comme sport. L'année suivante, le frère d'André, François, en construit un deuxième. Un char à voile, qui est un peu plus léger et un peu plus rapide. » Dans son remarquable ouvrage qui regroupe les documents de plusieurs collectionneurs, on note qu'à partir de 1905 les premiers chars à voile apparaissent sur les plages de Hardelot, Berck et le Touquet. Un peu plus tard, les frères Dumont essayent sur la plage de La Panne, en Belgique, un char à voile de leur fabrication : c'était un chariot muni d'une voile dite : « à livarde » (forme de la voile triangulaire attachée à un mât en V) et de roues en bois plein. En raison du poids, il leur est impossible de remonter au vent. Plus tard, ils tenteront alors d'utiliser des roues à bandages avant de choisir celles d'un pousse-pousse. |
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A St Georges de Didonne, sur la côte atlantique, les jeux sont les mêmes qu'ailleurs. En 1908, Henri Camus, âgé 13 ans, et l‘un de ses copains utilisent leurs roues de bicyclette pour les fixer sur un engin rudimentaire constitué d’un châssis de 4m sur 50 cm de large, d’un mât de 2m et d’une toile de tente de plage familiale en guise de voile. Les changements de direction étaient limités et s’effectuaient avec une perche, les demi-tour se faisant à la main. L’ire paternelle sur l’utilisation abusive des bicyclettes mit fin à une vocation prématurée d’aéroplagistes. | ||||||||
Gouache Henri Camus |
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Les premières compétitions Le char à voile entre dans l’air du temps. Chacun expérimente au mieux la solidité des roues alliée à la légèreté et forme de voile. La première course officiellement connue se déroulera à La Panne, l’été 1909. “Pour Julien Michez, raconte Willy Coppens dans un livre de souvenir, Benjamin Dumont, le marin de la famille, avait construit un petit char du modèle Dumont, avec quatre roues de bicyclette et une voile réduite à 4 mètres carrés. C’était un ensemble homogène, bien proportionné, si heureux que Michez gagna la première course de chars à voile jamais courue dans le monde. Il la gagna avec une direction démantibulée, son câble ayant cassé, en empoignant le cadre des roues directrices à pleines mains. Ce fut une course contre la montre, courue en ligne droite, vent dans le dos, car seuls les trois chars montés sur pneus étaient capables de remonter le vent.” (Willy Coppens, chars à voile, éditions Erel S.P.R.L., 1976). |
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A Royan, en 1912, Jules Moine, un mécanicien en cycles et automobiles, conçoit un Aéroplage à deux places et à trois roues pour ses enfants. Il utilise pour cela un assemblage de tubes destinés à la fabrication de cadres de vélos. Il participe aux deux premières épreuves Royannaises, organisées sur la plage de la Grande Conche, face au casino, et en remporte une. | ||||||||
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André et Léon Moine sur l'aéroplage de leur père qui participera à la première course de Royan en 1913. |
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Après la guerre de 14-18, François Dumont développe son affaire de char à voile. Il construit et loue ses chars, tout en poursuivant sa carrière de pilote en compétition. | ||||||||
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Henri Demoury, le novateur - Lien vers le site de la famille Demoury, ICI Le Français Henri Demoury, ingénieur des Arts et Métiers, vient relancer cette belle mécanique sportive. Découvrant ces drôles de machines lors d’un voyage en Belgique en 1927, il en tombe amoureux fou. Il construit alors son premier engin et l’essaye sur une vingtaine de kilomètres sur la départementale 6 près de Soisson. Alliant ses qualités de technicien, d’observateur attentif et de sportif, son char à voile est rationnel et stable, avec des longerons métalliques en U et des roues de Ford. Très efficace en compétition, ce char lui permet de se classer premier à La Panne, devant toute une équipe de spécialistes. Il s’essaye aussi sur un étang gelé, près de Château-Thierry, reprenant le principe du “ice-boat” déjà utilisé dans les pays nordiques, en Allemagne et au Canada. Son désir de poursuivre dans cette voie le fait s’installer à Merlimont et monter un petit atelier au Touquet. “Mon père pensait tout le temps char, raconte Colette Demoury, une de ses filles. A tel point qu’il nous emmenait en classe en char à voile. Il fallait se lever tôt et subir les aléas climatiques et parfois le manque de vent.” Christian Nau évoque ce personnage qui a contribué à sa vocation : “Nous passions des journées entières à scier, découper, visser, clouer dans les ateliers de Monsieur Henry Demoury. Notre ténacité fut bientôt couronnée d’un succès bien mérité et aux compétitions suivantes nous nous hissions peu à peu vers les premières places, devançant souvent des pilotes chevronnés sur d’excellentes machines.” Dans les années 30, avec son nouveau modèle appelé “9”, Henry Demoury dépasse les 100 km/h, record homologué. Il passe le virus à tous ses enfants. En particulier Luc qui deviendra un excellent pilote et Pierre qui élaborera de nouveaux engins. Colette a la fierté de faire découvrir ce sport à la princesse Elisabeth d’Angleterre et à sœur la princesse Margareth, venues passées une semaine au Touquet. Elle travaille à réaliser son propre char qui trouve aussitôt acquéreur, avant même de l’avoir essayé. Elle apportera de nombreuses idées et participera concrètement à la réalisation des Losanges en dessinant et faisant fabriquer les carénages dans la banlieue parisienne. Le développement du tourisme permet au char de se faire connaître. Jan Leye explique qu’à La Panne un certain nombre de chars étaient loués par des vacanciers. “Lorsque ces derniers étaient trop peu nombreux, on autorisait les jeunes de l’endroit à utiliser les chars gratuitement et faire ainsi de la publicité pour ce sport.” Ils étaient aussi loués pour les concours récompensés par des prix en argent. Henry Demoury loue aussi à Merlimont-plage des chars à petites voiles où l’on peut monter à deux ou trois personnes. Appelés “Aéro-skifts”, ils ont la particularité de disposer d’un système de propulsion mécanique à base d’un mouvement de rameur. |
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Outre-Atlantique, on pense aussi char à voile. Dans les années trente, les lacs desséchés voient se dérouler leurs premières épreuves. Ce sont, selon Jan Leye, “des chars à glace du type Arrow transformés. A l’époque, ils avaient déjà un mât profilé pivotant et un essieu”. | ||||||||
L’assise La première guerre mondiale voit l’arrêt brutal, presque fatal de la pratique de l’Aéroplage. Il faut attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour que l’on ressorte les vieux engins et qu’on les remette au goût du jour. Le grand bond en avant du char à voile se fait à partir des années 50. A la demande officielle du maire du Touquet, le docteur Pouget, Henry Demoury travaille à son développement. Cette ville, tout comme Berck et Fort-Mahon deviennent les lieux privilégiés de ceux qui cherchent les sensations de vitesse sur le sable. En 1962, la Fédération Internationale des Sand et Land Yatchs (FISLY) voit le jour avec Bob Nyssens comme premier président. Dans les Championnats d’Europe, organisés la même année, France se démarque en remportant une première place par équipe. En 1964, naît la Fédération Française de Char à Voile. |
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En 1965, Pierre Demoury, fils d’Henry, devient champion d’Europe au volant de “La Banane;”, char de classe 1, en forme de losange caréné, avec une roue avant et arrière synchronisées pour la direction et deux roues latérales pour la stabilité. Un mât rainuré pour une voile lattée et en Tergal, un double volant, l’un pour la direction et l’autre pour border la voile, complètent ce magnifique engin. L’arrivée des DN (originaire de Detroit News) relance l’intérêt pour le char, d’autant que ceux-ci sont petits, légers et faciles à construire. Pour faciliter les compétitions et limiter les risques, des catégories sont créées et les premiers Championnats par classe voient le jour en 1967. Les DN font partie de la Classe 2. | ||||||||
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L’arrivée de la classe 5, moins pointue, moins coûteuse, mais tout aussi
sympathique à piloter, est l’élément d’ouverture de ce sport. Nécessitant
moins de “grands espaces”, la classe 5 peut se pratiquer sur des plages plus
étroites que celles de la Côte d’Opale. La Bretagne, le grand ouest et même
le pourtour méditerranéen s’y intéressent. Des clubs se créent un peu
partout. Comme en classe 3, la technicité parle et les pilotes les plus
aguerris investissent dans du matériel de pointe. La Classe 5 perd peu à peu
son aspect bon marché et ouvert à tous. Des champions apportent aussi leur touche dans l’évolution. Jean-Philippe Krischer et Christine Touati créent un nouveau concept de char entre le classe 3 et le 5 : le Standart. Doté d’une coque nacelle suspendue sous un châssis, cet engin est lauréat aux Oscars du design. Après des débuts limités, le Standart est devenu une classe à part, en tant que monotype, au sein de la FFCV. |
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Encore l’aventure Les années 90 voient le renouveau de l’aventure. Les étudiants de l’Institut Supérieur de Commerce de Paris montent une traversée de la Namibie en 1994. Des passionnés de terres glacées, les frères Pierre et Frédéric Vernay, Jean-Yves Lapoix, Jean-François Chevalier parcourent les étendues arctiques à bord de chars à voile munis de patins (ice-boat) sur des bases de Standart. Pour la troisième année consécutive, la Transat des Sables, raid dans le désert mauritanien, regroupera, en juin 1999, des chars à voile, chars à cerf-volant (classe 8) et speed-sail (cl. 7) pour une course par étapes. En 1998, l’aventure avait réuni une douzaine de pilotes, en plein désert du Maroc, pour huit étapes à travers dunes, ergs et chotts, à plus de 80 km/h. Quelques voiles déchirées, quelques épines redoutables pour les pneus et un ou deux essieux cassés, une réalité parfois difficile mais le souvenir d’une grande aventure pour tous. “Cette course se déroule dans des limites que les touristes ne franchissent jamais, commente le Suisse Stéphane Hillairet (5e). J’ai conscience d’avoir vécu une folie… On ne revient pas intact d’une telle aventure.” Autre point de vue, celui d’Alain Darrigrand (2e au général, 1er char à voile) : “Je n’avais jamais imaginé à quel point on allait être ballotté, secoué, cahoté.” |
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Quelques dates importantes
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Pour aller plus loin :
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Sources :
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